Le PNUE appelle à réduire d’urgence les émissions pour limiter le réchauffement climatique

Le PNUE appelle à réduire d’urgence les émissions pour limiter le réchauffement climatique

Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a publié son rapport annuel sur les écarts d’émissions, qui montre que les émissions de gaz à effet de serre (GES) prévues pour 2030 doivent être réduites d’au moins 28 à 42 % par rapport aux scénarios politiques actuels, pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 2°C et 1,5°C, respectivement.

Le rapport, intitulé « Record battu : les températures ont atteint de nouveaux sommets, mais le monde ne parvient pas (encore) à réduire les émissions », révèle que le monde est sur la voie d’une augmentation moyenne de la température mondiale de 2,5 à 2,9 °C au-dessus des niveaux préindustriels, à moins que les pays ne réduisent davantage les émissions de GES au cours de cette décennie.

Le rapport met en évidence les récents records d’émissions et de températures, notamment 86 jours enregistrés entre janvier et octobre 2023 avec des températures supérieures à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels, et une augmentation des émissions mondiales de GES de 1,2 % de 2021 à 2022, atteignant un nouveau niveau record de 57,4 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone (GtCO2e).

Un défi pour les pays du G20

Le rapport avertit que aucun des pays du Groupe des 20 (G20) ne réduit ses émissions à un rythme conforme à ses objectifs de zéro émission nette. Même dans le scénario le plus optimiste envisagé dans le rapport, la probabilité de limiter le réchauffement à 1,5°C n’est que de 14 %.

Le rapport souligne que toutes les nations doivent accélérer les transformations de l’ensemble de leur économie en matière de développement à faibles émissions de carbone. Il reconnaît que les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) sont confrontés à des défis économiques et institutionnels dans les transitions de développement à faible intensité de carbone, mais souligne les opportunités qu’ils pourraient saisir.

Un moment clé pour renforcer l’ambition climatique

Selon le rapport, le premier bilan mondial (GST) lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 28 de la CCNUCC) fournira un cadre pour construire de nouvelles ambitions et éclairera la prochaine série de CDN que les pays devraient soumettre en 2025 avec des objectifs pour 2035.

Le rapport a été lancé le 20 novembre 2023, dix jours avant le début prévu de la COP 28 à Dubaï, aux Émirats arabes unis (EAU). Le rapport sur les écarts d’émissions est l’un des trois « rapports sur les écarts » annuels.

Mahussi Capo-chichi

Fonds des pertes et dommages : une avancée majeure avant la COP28

À quelques semaines de la COP28, qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023, un pas important a été franchi sur la question des pertes et dommages liés au changement climatique. Il s’agit des impacts irréversibles et inévitables du réchauffement de la planète, qui affectent surtout les pays les moins développés et les plus exposés aux aléas climatiques, comme les sécheresses, les inondations, les cyclones, la montée du niveau de la mer ou la perte de biodiversité.

Pour faire face à ces impacts, un Fonds des pertes et dommages a été créé lors de la COP27 en Égypte l’année dernière, dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat. Il s’agit du premier fonds des Nations Unies dédié à la lutte contre les dommages causés par le climat, et il représente un enjeu majeur pour la solidarité internationale. Ce fonds vise à fournir un soutien financier, sous forme de subventions, aux pays les plus vulnérables, pour les aider à se relever des conséquences du changement climatique et à s’adapter à la nouvelle réalité.

Pour mettre en œuvre ce fonds, un Comité de transition a été mis en place, composé de représentants de 16 pays, dont huit pays développés et huit pays en développement. Ce comité, présidé par le Dr Sultan Al Jaber, le président de la COP28, a tenu sa cinquième et dernière réunion à Abu Dhabi du 3 au 5 novembre 2023. Après des discussions intenses et constructives, le comité est parvenu à un accord sur une liste de recommandations, qui seront soumises à l’approbation des parties lors de la COP28. Ces recommandations portent sur les aspects techniques, financiers, institutionnels et juridiques du Fonds des pertes et dommages, ainsi que sur les critères d’éligibilité et les modalités d’accès au fonds.

Que dit l’accord ?

Le comité de transition, qui compte 24 sièges, accorde une large place aux pays en développement. Ceux-ci sont les plus affectés par les pertes et dommages liés aux changements climatiques. Le groupe s’est interrogé sur les modalités de financement et d’attribution du fonds destiné à soutenir les actions d’adaptation et de résilience. Selon le texte, le fonds serait hébergé par la Banque mondiale. Or, les pays en développement se sont opposés à cette option pour plusieurs raisons. D’une part, la Banque mondiale ne finance que les pays membres, ce qui exclut certains pays en développement qui n’en font pas partie. D’autre part, elle ne permet pas l’accès direct au financement pour les communautés locales, qui doivent passer par des intermédiaires étatiques ou privés. Ce qui représente des contraintes administratives.

Enfin, la Banque mondiale continue d’investir dans les énergies fossiles, qui sont à l’origine du réchauffement climatique. Les pays développés ont tenté de convaincre les pays en développement que le fonds serait plus efficace sous l’égide de la Banque mondiale, comme le souhaitent ces derniers. Ils ont fini par obtenir leur accord, moyennant des conditions drastiques.

Le texte ne prévoit pas d’obligation pour les gros  émetteurs de gaz à effet de serre de contribuer au fonds. Il se contente de les inviter à le faire. Ce qui pose un problème d’équité et de responsabilité. Les pays développés ne veulent pas être les seuls à assumer le coût de la transition écologique. Le fonds fonctionnerait donc sur la base du volontariat.

Le texte accepte également le financement privé, provenant de la philanthropie ou de la fiscalité. Des organisations non gouvernementales, des fondations ou des entreprises pourraient mettre des fonds sur la table. Des taxes seraient également mises en place sur les industries les plus polluantes, comme le transport aérien ou le secteur pétrolier.

Parvenir à un accord sur un sujet crucial

Le Dr Al Jaber a salué le résultat de la réunion, qu’il a qualifié d’étape essentielle vers un résultat positif sur la route menant à la COP28. Il a souligné l’importance du multilatéralisme et de l’unité pour parvenir à un accord sur ce sujet crucial, qui concerne des milliards de personnes, de vies et de moyens de subsistance. Il a également remercié les coprésidents du Comité de transition, Outi Honkatukia de Finlande et Richard Sherman d’Afrique du Sud, pour leur leadership et leur engagement. Il a appelé les parties à conclure l’accord à Dubaï et à respecter leurs obligations envers le Fonds des pertes et dommages, qui constitue un élément clé de l’Accord de Paris sur le climat.

La COP28 sera l’occasion de faire le premier bilan mondial des progrès dans la lutte contre le changement climatique, comme mandaté par l’Accord de Paris. Les Émirats arabes unis, qui accueillent la COP28, ont plaidé à plusieurs reprises pour l’opérationnalisation du Fonds des pertes et dommages et les modalités de financement, en disant que cela signifie « agir pour les personnes les plus vulnérables au climat au monde ». La COP28 devrait réunir plus de 70 000 participants, dont des chefs d’État, des représentants gouvernementaux, des leaders internationaux de l’industrie, des représentants du secteur privé, des universitaires, des experts, des jeunes et des acteurs non étatiques.

Mahussi Capo-chichi

L’ONU lance un cri d’alarme pour la santé maternelle et infantile face aux catastrophes climatiques

Trois organismes des Nations Unies ont lancé ce mardi 21 novembre, un appel à l’action pour protéger la santé des femmes enceintes, des bébés et des enfants face aux dangers croissants des catastrophes climatiques. Il s’agit du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’agence des Nations Unies chargée des questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA). Dans un communiqué conjoint, ils ont dénoncé la négligence et la sous-estimation des événements climatiques, ainsi que le manque d’intégration de la santé maternelle et infantile dans les plans nationaux de réponse aux changements climatiques.

 Les conséquences les plus graves pour les femmes et les enfants

Les trois agences ont souligné que le changement climatique représente une menace existentielle pour toute l’humanité, mais que les femmes enceintes, les bébés et les enfants sont particulièrement exposés à ses conséquences les plus graves. Ils ont insisté sur la nécessité d’agir dès maintenant pour leur santé et leur survie, en tenant compte de leurs besoins spécifiques dans la riposte climatique.

A la veille de la conférence sur le climat COP28, ils ont proposé sept mesures à prendre d’urgence, parmi lesquelles des réductions durables des émissions de gaz à effet de serre, des actions de financement climatique et l’inclusion spécifique des besoins des femmes enceintes, des bébés et des enfants dans les politiques.

Des catastrophes climatiques dévastatrices

L’année 2023 a été marquée par des catastrophes climatiques dévastatrices, telles que des incendies de forêt, des inondations, des vagues de chaleur et des sécheresses, qui ont eu des conséquences désastreuses sur les femmes enceintes et les enfants. La hausse des températures à l’échelle mondiale a également favorisé la propagation de maladies mortelles, qui affectent particulièrement les femmes enceintes et les enfants. La recherche montre que les dommages peuvent commencer dans l’utérus, provoquant diverses complications pour la mère et l’enfant, avec des effets qui perdurent toute la vie.

Les trois agences ont rappelé que la crise climatique met en danger le droit fondamental de chaque enfant à la santé et au bien-être. Elles ont appelé à écouter et à placer les enfants au centre de l’action climatique urgente, à partir de la COP28. Elles ont également souligné la vulnérabilité du corps et de l’esprit des enfants à la pollution, aux maladies et aux conditions météorologiques extrêmes.

Des solutions climatiques respectant l’égalité des sexes

Les trois agences ont également mis en avant les besoins uniques en matière de santé des femmes et des filles, qui nécessitent des solutions adaptées. Elles ont plaidé pour des solutions climatiques qui reconnaissent les besoins de santé distincts ainsi que les vulnérabilités des femmes et des filles, et qui soutiennent l’égalité des sexes. Elles ont affirmé qu’il faut commencer par poser les bonnes questions pour trouver ces solutions, et ne pas sacrifier les droits des femmes et des filles au nom du climat.

Mahussi Capo-chichi

Le changement climatique cause des pertes et dommages irréversibles, selon le PNUE

Un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) alerte sur l’insuffisance des efforts d’adaptation au climat et appelle à une action urgente et collective pour faire face aux conséquences irréparables du réchauffement planétaire.

Le changement climatique n’est pas seulement une menace pour l’avenir, mais une réalité qui affecte déjà des millions de personnes dans le monde. Les événements extrêmes, tels que les tempêtes, les inondations, les sécheresses et les vagues de chaleur, se multiplient et s’intensifient, causant des pertes et des dommages considérables aux biens, aux infrastructures, aux écosystèmes et aux vies humaines.

Ces pertes et dommages font référence aux conséquences irréversibles du changement climatique, qui ne peuvent être évitées ou réparées par l’adaptation. Il peut s’agir de pertes économiques, comme la destruction des infrastructures et des moyens de subsistance, ou de pertes non économiques, comme la perte de la biodiversité, de la culture, de l’identité ou de la vie.

Selon un nouveau rapport remis à l’ONU, les phénomènes climatiques extrêmes exacerbés par le changement climatique ainsi que l’impact sanitaire de la combustion d’énergies fossiles coûteront près de 2000 milliards de dollars par an à l’horizon 2030.

Face à ces impacts, les pays et les communautés doivent s’adapter pour réduire leur vulnérabilité et renforcer leur résilience. L’adaptation au climat consiste à mettre en place des mesures pour prévenir, réparer ou tolérer les effets du changement climatique, tels que la construction de digues, la diversification des cultures, l’amélioration de la gestion de l’eau ou la promotion de l’assurance climatique.

Selon le rapport, les coûts modélisés de l’adaptation dans les pays en développement sont estimés à 215 milliards de dollars par an au cours de cette décennie. Le financement de l’adaptation nécessaire pour mettre en œuvre les priorités nationales en matière d’adaptation est estimé à 387 milliards de dollars par an. Ces chiffres sont 10 à 18 fois plus élevés que les flux de financement public international, qui ont diminué de 15 % pour atteindre 21 milliards de dollars en 2021.

Le rapport souligne également que la planification et la mise en œuvre de l’adaptation semblent plafonner, alors qu’elles devraient s’accélérer pour aller de pair avec les conséquences croissantes du changement climatique. Il note que seuls 72 % des pays disposent d’une stratégie ou d’un plan d’adaptation nationale, et que la plupart d’entre eux ne sont pas suffisamment ambitieux, complets ou opérationnels.

Le PNUE appelle à une action urgente et collective pour combler le déficit d’adaptation au climat et faire face aux pertes et dommages. Il identifie sept moyens d’accroître le financement, notamment grâce aux dépenses nationales, aux financements internationaux et du secteur privé, aux transferts de fonds, à l’augmentation et à l’adaptation du financement des petites et moyennes entreprises et à la réforme de l’architecture financière mondiale. Il plaide également pour une meilleure planification, une meilleure coordination, une meilleure gouvernance, une meilleure communication et une meilleure évaluation de l’adaptation.

L’ONU crée un organe consultatif sur l’intelligence artificielle

Le Secrétaire général veut promouvoir une IA responsable et accessible à tous

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé un nouvel organe consultatif chargé d’étudier les enjeux et les opportunités liés à la gouvernance internationale de l’intelligence artificielle (IA). L’objectif est de favoriser un dialogue mondial, multidisciplinaire et multipartite sur la manière d’exploiter l’IA au service du progrès de l’humanité.

Lors de la présentation de l’Organe consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle, le Secrétaire général a salué « une avancée extraordinaire » dans les capacités et l’utilisation de l’IA au cours de l’année écoulée. Il a affirmé que l’IA pouvait contribuer à accélérer l’action climatique et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030, à condition que les technologies de l’IA soient utilisées de manière responsable et qu’elles soient accessibles à tous. Il a cité comme exemples les possibilités offertes par l’IA pour « prévoir et gérer les crises, déployer des services de santé publique et d’éducation ». Il a également souligné le potentiel de l’IA pour aider les pays en développement à « sauter des étapes technologiques obsolètes et apporter des services directement aux gens ».

Le Secrétaire général a toutefois mis en garde contre les risques et les défis posés par l’IA, notamment en matière de désinformation, de discrimination, de surveillance, de vie privée et de fraude, qui peuvent porter atteinte aux droits de l’homme. Il a également alerté sur le danger d’une utilisation malveillante de l’IA, qui pourrait « saper la confiance dans les institutions, affaiblir la cohésion sociale et menacer la démocratie elle-même ».

L’Organe consultatif de haut niveau aura pour mission d’examiner les moyens de relier les différentes initiatives de gouvernance de l’IA existantes et, d’ici fin 2023, de formuler des recommandations préliminaires sur la manière de tirer parti de l’IA pour atteindre les ODD dans les domaines suivants : la gouvernance internationale de l’IA ; une compréhension partagée des risques et des défis ; les opportunités et les catalyseurs clés.

Les recommandations de l’Organe consultatif appuieront les préparatifs du Sommet du futur de 2024 et alimenteront les négociations en vue du projet de Pacte numérique mondial. L’organe consultatif travaillera en étroite collaboration avec le Conseil consultatif scientifique du Secrétaire général sur la manière d’exploiter les bénéfices de l’IA pour le bien commun.

Mahussi Capo-chichi